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Intelligences multiples : neuromythe ou avancée

8 avril 2025

Intelligences multiples : neuromythe ou avancée ?

Les intelligences multiples, beaucoup de monde en parle, surtout à l’école. Depuis plusieurs années, cette théorie a influencé la manière dont on pense l’apprentissage et la réussite des enfants. Elle repose sur une idée simple et séduisante : il n’existe pas une seule forme d’intelligence, mais plusieurs, et chaque enfant possède une combinaison unique de ces talents.

Mais cette vision a aussi été vivement critiquée. Certains chercheurs y voient un neuromythe, une fausse croyance séduisante mais non validée scientifiquement. Faut-il alors renoncer à cette approche ? Pas forcément.

Car au-delà des débats, les intelligences multiples ont permis de faire évoluer les pratiques pédagogiques. Elles ont ouvert la voie à une éducation plus individualisée, plus respectueuse de la diversité des profils d’apprenants.

Explorons cette théorie, ses limites et ses apports. Découvrons comment certaines pédagogies, comme Montessori, rejoignent cette approche dans les faits, en s’adaptant aux besoins de chaque enfant.

La théorie des intelligences multiples : de quoi parle-t-on ?


La théorie des intelligences multiples a été formulée en 1983 par Howard Gardner, psychologue du développement et professeur à l’université de Harvard. Dans son ouvrage Frames of Mind, The Theory of Multiple Intelligences, il remet en cause la vision réductrice de l’intelligence, fondée uniquement sur le QI (quotient intellectuel) ou les performances logico-mathématiques et linguistiques.

Pour Howard Gardner, il n’existe pas une intelligence, mais plusieurs, indépendantes les unes des autres. Elles reflètent des formes diverses de comprendre, de sentir et d’agir dans le monde.

Les huit intelligences identifiées par Gardner


Dans son modèle initial, Gardner distingue sept intelligences, auxquelles il ajoute une huitième en 1995 :

  • L’intelligence linguistique : aisance avec les mots, l’écriture, le langage (ex. : raconter une histoire, écrire, argumenter).
  • L’intelligence logico-mathématique : aptitude à raisonner, calculer, résoudre des problèmes, manipuler des concepts abstraits.
  • L’intelligence visuo-spatiale : capacité à se repérer dans l’espace, à dessiner, à imaginer des formes, à visualiser mentalement des objets.
  • L’intelligence corporelle-kinesthésique : intelligence du corps, du mouvement, de la coordination, souvent présente chez les danseurs, sportifs, bricoleurs.
  • L’intelligence musicale : sens du rythme, de la mélodie, reconnaissance et reproduction des sons et des motifs musicaux.
  • L’intelligence interpersonnelle : aptitude à comprendre les autres, à ressentir les émotions d’autrui, à coopérer, à interagir socialement.
  • L’intelligence intrapersonnelle : capacité à se connaître soi-même, à comprendre ses émotions et motivations.
  • L’intelligence naturaliste (ajoutée en 1995) : sensibilité à la nature, capacité à reconnaître, classer, différencier le vivant et s’émerveiller du monde naturel (plantes, animaux, phénomènes de la nature).
Théorie des intelligences multiples : l'intelligence corporelle-kinesthésique

Et après ? Vers d’autres formes d’intelligence


Gardner a également évoqué une possible neuvième intelligence, qu’il n’a pas officiellement ajoutée à son modèle faute de preuves suffisantes :

  • L’intelligence existentielle : capacité à se poser des questions profondes sur le sens de la vie, la mort, l’univers.

Par la suite, d'autres chercheurs ou praticiens ont proposé des formes complémentaires :

  • Daniel Goleman, en 1995, théorise l’intelligence émotionnelle, popularisant l’idée que comprendre et réguler ses émotions est essentiel à la réussite et au bien-être.
  • Dans les domaines de l’éducation relationnelle ou de la communication non violente, on parle aussi d’intelligence relationnelle : la capacité à créer des relations harmonieuses, à coopérer, à écouter activement, à résoudre les conflits de manière constructive.

Ces prolongements témoignent d’un mouvement plus large : celui qui vise à reconnaître la diversité des talents, des sensibilités et des formes d’apprentissage chez l’enfant.

La théorie des intelligences multiples a ainsi profondément marqué le monde éducatif, en élargissant la définition de ce que signifie « être intelligent ». Elle a aussi encouragé de nombreuses pratiques pédagogiques plus différenciées. Mais elle n’a pas échappé aux critiques…

Intelligences multiples : intelligence visuo-spatiale
©Pavel Danilyuk

Une théorie séduisante… mais controversée


Depuis sa publication, la théorie des intelligences multiples a connu un succès fulgurant dans le monde de l’éducation. De nombreux enseignants, pédagogues et formateurs s’en sont emparés pour adapter leurs méthodes d’enseignement aux profils variés des élèves. Et pour cause : cette approche valorise la diversité des talents et sort de la logique du « bon élève » unique.

Pourquoi un tel engouement dans l’éducation ?


La théorie séduit parce qu’elle redonne confiance à tous les enfants. Un élève qui peine en mathématiques peut exceller dans la musique, dans le sport ou dans les relations sociales. Ce changement de regard permet aux enseignants d’ajuster leurs approches, d’enrichir les supports pédagogiques et d’encourager une plus grande participation de tous les élèves.

Elle résonne aussi avec des pédagogies actives comme celle de Maria Montessori. Ces pédagogies reconnaissent l’enfant comme un être global et unique, capable d’apprendre par le corps, les sens, les émotions ou la coopération, à son rythme.

Mais que disent les chercheurs ?


Du point de vue scientifique, la théorie de Gardner suscite de nombreuses réserves. Plusieurs chercheurs soulignent le manque de preuves empiriques solides pour valider l'existence de ces huit (ou neuf) intelligences comme systèmes cognitifs distincts.

On lui reproche aussi une certaine confusion entre les styles d’apprentissage et les formes d’intelligence. Ce n’est pas parce qu’un enfant aime apprendre en manipulant qu’il existe une « intelligence kinesthésique » au sens neurologique du terme. Autrement dit, le modèle plaît, mais il ne repose pas sur des bases scientifiques reconnues comme telles.

Attention aux dérives


Enfin, certains spécialistes mettent en garde contre le risque de « cataloguer » les enfants trop vite : untel serait « musical », un autre « logique », un troisième « intrapersonnel »… Or, un enfant évolue constamment. Le figer dans un type d’intelligence peut limiter ses explorations, au lieu de les encourager.

Malgré ces critiques, la théorie des intelligences multiples a profondément influencé la manière dont on pense l’éducation. Elle invite à sortir d’un modèle unique, à valoriser d’autres compétences, et à s’interroger sur ce que signifie « être intelligent ».

Des idées qui ont malgré tout changé la pédagogie


Même si la théorie des intelligences multiples reste controversée sur le plan scientifique, elle a marqué un tournant dans le monde éducatif. En invitant à regarder l’élève autrement que par ses notes ou son QI, elle a nourri une réflexion pédagogique riche et féconde.

Une prise en compte plus fine de la diversité


Chaque enfant apprend à sa manière. En mettant en lumière différentes formes d’intelligence, la théorie de Gardner a encouragé les enseignants à reconnaître la diversité des profils dans une classe. Certains élèves comprennent mieux en manipulant, d’autres en parlant, d’autres encore en se connectant à la nature ou aux émotions.

Même sans valider toutes les intelligences identifiées, cette approche a poussé à différencier les pratiques. L’enfant n’est plus réduit à une « case scolaire », mais envisagé dans sa globalité.

Une pédagogie plus variée


Cette prise de conscience a conduit à diversifier les supports et les modalités d’apprentissage : cartes mentales, jeux de rôles, activités artistiques, expériences pratiques, travail en groupe, projets créatifs… autant de moyens de mobiliser des compétences différentes chez les élèves.


Plutôt que de transmettre de manière unique, on cherche à faire appel à plusieurs canaux, pour que chacun puisse entrer dans l’apprentissage à sa façon.

Une avancée pour l’inclusion et la motivation


En valorisant des formes d’intelligence longtemps ignorées (musicale, corporelle, interpersonnelle…), cette théorie a aussi contribué à renforcer l’estime de soi de nombreux enfants.

Elle a permis à certains de se sentir enfin reconnus, capables, utiles. Cela change tout en termes de motivation, d’engagement, de persévérance. Et cela ouvre la voie à une école plus inclusive, plus respectueuse des rythmes et des forces de chacun.

Même si les intelligences multiples ne constituent pas un modèle scientifique validé, elles ont inspiré une manière plus humaine, plus souple et plus créative d’enseigner.

Montessori et intelligences multiples : quelles convergences ?


Si Maria Montessori n’a jamais formulé une théorie des intelligences multiples, sa pédagogie entre en résonance avec plusieurs de ses principes. En particulier, elle offre un cadre favorable au développement de différentes formes d’intelligence, bien au-delà des compétences scolaires classiques.

Des parcours d’apprentissage individualisés


Dans une classe Montessori, chaque enfant progresse à son rythme. Les activités ne sont pas imposées à tous en même temps, mais choisies selon les besoins, les intérêts et le niveau de développement de chacun. Cette individualisation rejoint l’idée que chaque enfant possède une intelligence dominante, ou du moins une manière particulière d’entrer dans les apprentissages.

L’enfant est observé, guidé, accompagné dans son propre chemin d’apprentissage. Il n’est jamais comparé aux autres, mais encouragé à explorer ses propres ressources.

Théorie des intelligences multiples : neuromythe ou avancées pour les apprentissages

L’importance du corps, du concret et du sensoriel


La pédagogie Montessori
repose sur la manipulation d’un matériel concret et sensoriel. L’enfant apprend en touchant, en bougeant, en expérimentant. L’intelligence corporelle-kinesthésique, spatiale, naturaliste, mais aussi musicale sont souvent mobilisées dans ces activités.

Cette approche rejoint la vision de Gardner : le corps, les sens et l’environnement jouent un rôle central dans la construction de la pensée. On n’apprend pas uniquement en écoutant ou en lisant, mais aussi en vivant et en faisant.

Un environnement qui respecte les rythmes et les émotions


Chez Montessori, l’environnement est soigneusement préparé pour favoriser l’autonomie, la concentration et l’enthousiasme de l'enfant, ce cadeau à préserver selon André Stern. L’enfant peut choisir son activité, s’installer là où il se sent bien, répéter autant qu’il veut. Cela permet de respecter les rythmes et les besoins émotionnels, en évitant la pression ou la comparaison.

De plus, les classes multi-âges favorisent l’intelligence interpersonnelle : les enfants coopèrent, s’observent, s’entraident. Ils apprennent les uns des autres, sans compétition, dans une ambiance bienveillante.

En résumé, sans reprendre le vocabulaire des intelligences multiples, la pédagogie Montessori s’en approche dans les faits : elle permet à chaque enfant de mobiliser ses forces, de se connaître, de s’épanouir… en apprenant autrement.

Comment accompagner les enfants dans leurs multiples potentiels ?


Qu’on adhère ou non à la théorie des intelligences multiples, une chose est sûre : chaque enfant est unique. Il ne s’agit pas de lui apposer une étiquette, mais de l’observer avec attention, dans toutes ses dimensions.

Observer sans étiqueter


La tentation est grande de vouloir « classer » les enfants selon leur type d’intelligence. Mais ce serait aller à l’encontre du message même de la théorie. Les intelligences sont multiples, mais aussi évolutives, contextuelles, complémentaires. L’enfant ne se réduit ni à une forme d'intelligence, ni à un style d'apprentissage. Il est un potentiel en mouvement.

L’enjeu est donc de regarder l’enfant sans jugement, avec curiosité, pour mieux comprendre ce qui l’anime et ce qui le freine.

Proposer des expériences variées


Pour permettre à chaque enfant de révéler ses forces, il faut diversifier les propositions : activités artistiques, projets scientifiques, jeux de rôle, ateliers de jardinage, expériences musicales…


Ce n’est qu’en explorant différents domaines que l’enfant peut vraiment découvrir où il se sent compétent, motivé, vivant. C’est là que peut naître le désir profond d’apprendre.

Créer un climat de confiance


Plus que les méthodes, c’est l’ambiance émotionnelle qui permet aux intelligences de s’exprimer. Une éducation bienveillante qui favorise l’encouragement, l’estime de soi, le droit à l’erreur sont essentiels. Un enfant qui se sent reconnu dans ses efforts osera aller plus loin, prendre des risques, s’ouvrir à de nouveaux apprentissages.

Au-delà du mythe, vers une pédagogie du respect


La théorie des intelligences multiples n’est peut-être pas une vérité scientifique absolue. Mais elle a eu le mérite de bousculer une vision réductrice de l’intelligence. Elle a ouvert la voie à une éducation plus respectueuse de la diversité des profils d’enfants.


Dans cette dynamique, la pédagogie Montessori et plus largement les pédagogies actives offrent un cadre idéal : liberté de choix, observation fine de chaque élève, richesse des activités, valorisation du sensoriel, du mouvement, du lien aux autres… tout est pensé pour que chaque intelligence ait sa place. Et c'est ce que nous nous attachons à proposer aux enfants dans les écoles internationales Esclaibes, qu'il s'agisse de nos maternelles bilingues Montessori ou de nos classes élémentaires bilingues et de notre section collège innovant.

A Paris 15e et Paris 16e, Clichy, Marseille, les équipes pédagogiques mettent tout en oeuvre pour que chaque enfant s'engage dans les apprentissages avec bonheur.

Plutôt que de chercher à mesurer l’intelligence, faisons le pari de la faire grandir, sous toutes ses formes. Car au fond, ce qui compte n’est pas de savoir si un enfant est « logique » ou « musical », mais s’il est heureux d’apprendre, confiant en lui et curieux du monde.

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